Quand on est sportif de haut niveau et qu’on parle de reconversion, on a vite fait de se mettre sur la défensive car c’est quelque chose qui nous fait peur.
“Ma reconversion professionnelle… A vrai dire, c’est une question à laquelle je pensais depuis le début de ma carrière. Non pas de manière continue, anxieuse, mais de façon à anticiper la chose et à ne pas me retrouver devant le fait accompli. J’ai suivi des études en Staps à l’université, mais à l’époque j’étais engagé en Coupe du Monde, et j’ai dû rapidement faire un choix car il était difficile de tout mener de front. Mais l’après-carrière était toujours dans un coin de ma tête. Je me demandais souvent ce que j’avais envie de faire et ce qui était réaliste.”
Nous avons tissé une relation qui dépasse le simple cadre “athlète/entreprise”
Puis en 2005, j’ai rencontré Somfy, qui est devenu mon partenaire. J’insiste sur ce mot “partenaire” car nous avons tissé une relation qui dépasse le simple cadre “athlète/entreprise”. Nous avons réfléchi ensemble sur mes envies, mes compétences, mon avenir. J’ai ensuite connu des hauts et des bas (ndlr: médailles d’or et de bronze aux JO de Turin, porte-drapeau à Vancouver mais une simple 6e place en relais) mais l’idée faisait son chemin. Lorsque j’ai arrêté ma carrière, je me suis logiquement tourné vers Somfy. Ces discussions ont été un vrai accélérateur. Quand on est sportif de haut niveau et qu’on parle de reconversion, on a vite fait de se mettre sur la défensive car c’est quelque chose qui nous fait peur. L’entourage, les amis peuvent nous aider, mais il y a toujours un peu d’anxiété sur ce sujet. Le fait de discuter avec des gens qui connaissent un monde différent (le monde de l’entreprise) et qui ont vécu plusieurs expériences professionnelles est bénéfique de ce point de vue. Leurs conseils sont plus détachés que ceux de l’entourage proche. La relation avec Somfy a donc été très utile dans toutes ses dimensions, aussi bien pour l’aspect partenariat pendant ma carrière, car on a appris à bien se connaître, que pour l’aspect reconversion, car ils m’ont accompagné dans mes réflexions et m’ont mis le pied à l’étrier. Je partage désormais mon temps entre deux activités professionnelles très différentes l’une de l’autre, mais qui m’apportent un vrai équilibre.
J’ai pris la tête de la Fondation Somfy
Soit un an après avoir raccroché les skis. Notre fondation intervient dans la thématique du mal logement. Nous soutenons des associations dont les projets visent l’intérêt général et l’amélioration des conditions de vie. Le public auquel on a affaire est souvent en grande précarité. Le fait de leur offrir un logement décent est un préalable indispensable pour qu’ils retrouvent une stabilité personnelle et sociale. Notamment, je suis heureux de l’existence aujourd’hui de notre plateforme de soutien “Les Petites Pierres”, qui permet à chacun d’aider les associations à mettre en œuvre leurs projets.
A côté de cet engagement, je suis aussi consultant pour le CIO. J’ai eu la chance de suivre le programme de suivi de carrière des athlètes mis en place par le CIO. J’ai pu découvrir le fonctionnement de cette institution, son administration et ses projets. Depuis, je travaille sur les questions de jeunesse, notamment lors des JO, été et hiver.
Cette double reconversion me plaît car elle correspond à ce que je voulais faire
D’une part rester dans le sport car c’est un domaine que j’aime et que j’estime et d’autre part m’engager professionnellement pour une cause qui me paraît juste et altruiste.
Aucun sportif n’est serein au moment d’aborder sa reconversion. C’est toujours quelque chose de délicat, de particulier à vivre, et de très personnel. Cela ne veut pas dire que c’est insurmontable! De nombreux programmes sont mis en place, ou en passe de l’être. Ils vont permettre d’accompagner les sportifs dans la clarification de leurs idées, et dans le fait de trouver un projet qui les motive. Cette définition est primordiale, avant même d’envisager les aspects de formation. C’est peut-être anodin mais souvent on se demande ce que l’on pourrait faire d’autre que du sport de haut niveau en termes de capacité. C’est frustrant pour les athlètes car on a alors l’impression de ne savoir faire que ça. Ce qui est tout sauf vrai !